Les Bunel

Dates :

Début XVIe-début XVIIe siècle

Profession principale :

Les Bunel sont une dynastie de peintres originaires de Blois actifs du début XVIe aux premières années du XVIIe siècle. La première mention date de 1518, quand Jean Bunel reçut un paiement pour avoir réalisé des écussons aux armes de la Ville sur les habits de cérémonie des officiers municipaux. Son fils François (v. 1522/1525 – 1580), peintre-verrier, résidait dans la paroisse Saint-Honoré où naquirent ses fils François II (1552-v. 1593) et Jacob (1558-1614). Les deux frères poursuivirent l’activité familiale et obtinrent successivement le titre de peintre et de valet de chambre du roi.

François II, souvent confondu avec son père, s’installa à une date inconnue à Tours, dans la paroisse Saint-Saturnin, où il résida jusqu’à la fin de sa vie. Le 10 septembre 1580, il se maria avec Catherine Guillet, la fille du maître orfèvre tourangeau Loys Guillet [Renumar, 10 septembre 1580], avec laquelle il eut un fils, Jacob, qui devint également peintre. Son activité devait être assez importante puisqu’en décembre 1580, il prit en location une boutique dotée de combles située au carroi de Beaune [Renumar, 14 décembre 1580]. Il forma plusieurs apprentis parmi lesquels Bertrand Dupuy en 1581 [Renumar, 10 janvier 1581] et Loys Bourgeois en 1591[Renumar, 5 février 1591] . En 1584, il fut témoin du mariage de Jean Dasse, un peintre vitrier qui demeurait comme lui dans la paroisse Saint-Saturnin.

S’il ne reste presque rien de la production de François II, les sources témoignent de sa renommée sous les règnes de Catherine de Médicis et d’Henri IV. En 1579, il livra, à la demande de la reine, des modèles de vitraux pour dix-sept baies du château de Chenonceau et au début des années 1580 [Renumar, 2 mai 1579], il obtint le titre de peintre et valet de chambre du roi de Navarre, futur Henri IV [Renumar, 28 décembre 1583]. À ce titre, il percevait des gages et suivait la cour dans ses déplacements [Lafond, 1898, p. 564]. Les comptes de la Maison de Navarre mentionnent des commandes de peinture à l’huile, d’enluminure, de dessin et de modèles pour les brodeurs et les maîtres verriers [Lafond, 1898, p. 560 et 566]. Il peignait des sujets mythologiques et allégoriques, mais était avant tout portraitiste. Un portrait de Henri IV en médaillon (BnF, dép. des Estampes et de la photographie, coll. Hennin 1375, réserve FOL-QB-201) réalisé à la pierre noire, à la sanguine et à la craie blanche est une des rares œuvres qui lui soit attribuée.

 

Portrait de Henri IV, François Bunel, 1589, gravure, 39 x 26 cm, extraite du Registre du Saint Office de Rome, contenant plusieurs procès en matière de foi, BnF, département des manuscrits, LATIN 8994, f°343 bis r°.
Crédits : Photo © BnF, service reproduction

 

Jacob Bunel, frère de François II, se forma auprès de son père avant de compléter son apprentissage sur le chantier du cloître de l’Escurial à Madrid. Il séjourna ensuite en Italie, où il travailla sous la direction de Pomarancio et de Federico Zuccaro qu’il avait probablement rencontré en Espagne [Béguin, 1994, p. 84]. À son retour en France vers 1595, il s’installa à Tours où il épousa Marguerite Bahuche, également peintre, fille d’un protestant, marchand peintre tourangeau [Renumar, 4 juillet 1595]; en 1597, il prit comme élève son neveu également prénommé Jacob, alors âgé de 15 ans [Renumar, 21 février 1597], avant de partir s’établir deux ans plus tard à Paris. Vers 1601, il obtint le titre de valet de chambre et de peintre du roi Henri IV [Béguin, 1994, p. 85] et à ce titre occupa un logement au Louvre à partir de 1604. Il fut le maître du peintre tourangeau Claude Vignon (1593-1670) qu’il avait peut-être connu à Tours et qui voyait en lui « le plus grand peintre qui fut en Europe » [Béguin, 1994, p. 83].

Jacob Bunel est traditionnellement associé à la seconde école de Fontainebleau, appellation qui désigne les artistes ayant travaillé pour Henri VI [Cordellier dans Nativel, 2016, p. 305-324] et travailla aux décors de plusieurs bâtiments royaux. Il collabora ainsi avec Toussaint Dubreuil à la Petite Galerie du Louvre (détruite en 1661) où il fut notamment chargé, avec l’aide de son épouse Marguerite Bahuche, de peindre vingt-huit portraits de rois et de reines [Béguin, 1994, p. 86]. Il reçut également d’importantes commandes religieuses dont la Pentecôte pour la chapelle de l’ordre du Saint-Esprit aux Grands Augustins de Paris (détruit) [Béguin, 1994, p. 88].

 

Henri IV en Mars, Jacob Bunel, XVIe siècle, huile sur bois, 186 x 135 cm, Pau, Musée national du château de Pau, P.81-20-1.
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Aujourd’hui, son œuvre est principalement connue par des portraits. Le grand Henri IV en Mars (Musée national du château de Pau) a été réalisé vers 1605-1606 soit pour la galerie de Diane du château de Fontainebleau [Toulouse Renaissance, 2018, p. 296] soit pour les appartements royaux des Tuileries [Béguin, 1994, p. 85].

 

Bibliographie

Ardouin-Weiss Idelette, Les familles du peintre Jacob Bunel et de sa femme Marguerite Bahuche de 1517 à 1636, Tours, Centre généalogique de Touraine, 1984.
Base Renumar.
Béguin Sylvie, « Pour Jacob Bunel », dans Claude Vignon en son temps, actes du colloque de l’université de Tours du 28-29 janvier 1994, réunis par Claude Mignot et Paola Pacht Bassani (dir.), Paris, Klincksieck, 1998, p. 83-96.
Lafond Paul, « François et Jacob Bunel, peintres de Henri IV », dans Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements, T. XXII, 1898, p. 557-606.
Nativel Colette (dir.), Henri IV : Art et pouvoir, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2016.
Toulouse Renaissance, catalogue de l’exposition du musée des Augustins de Toulouse du 17 mars au 24 septembre 2018, Paris, Somogy, 2018.